L’autre qu’on adorait, Catherine Cusset

C’est avec une immense déception que je vous fais part de cette critique. La première chose que j’aimerais évoquer, qui a retenu toute mon attention : quelle est la différence avec l’un de ses précédents romans « Le problème avec Jane » ? Je vous retrace un petit tableau : d’une part il s’agit de Jane, thésarde de Flaubert, qui reçoit un manuscrit qui relate sa propre vie donc écrit par un autre sur elle, qui cherche désespérément l’amour, qui a une vie sexuelle plutôt libérée, qui subit quelques échecs professionnels. Et de l’autre, il s’agit de Thomas, étudiant français désireux de rentrer à l’Ecole Normale Supérieure mais qui échoue, qui écrira finalement une thèse sur Proust, dont la vie est décrite par son amie à la deuxième personne du singulier, qui multiplie les conquêtes amoureuses, dont le tempérament est parfois violent et dont la réalité tragique de ne pouvoir s’adapter à ce monde le rattrapera. Les points centraux sont toujours les mêmes : la vie universitaire, les échecs, l’amour, la sexualité, les grandes écoles, les thèses, la littérature française, la quête de trouver sa place en tant qu’intellectuelle. Il semble s’agir de thèmes chers à l’auteur mais lorsque l’on a lu son précédent roman, qui nous pousse à nous interroger sur les différences : la sexualité épanouie de la femme devient très vite lassante chez l’homme ; les deux thésards aspirant aux plus hautes écoles deviennent vite pédants. J’ai été véritablement déçue par ce manque d’imagination, Certes, Catherine Cusset cherche peut-être (sûrement) à rendre hommage à un ami perdu, mais cela justifie-t-il une telle répétition dans ses livres ?

Pour ce qui est du contenu en lui-même : et bien à vrai dire, le protagoniste principal Thomas est lassant. On lui reconnait une vie d’intellectuel un peu bohème mais cela reste très stéréotypé. Le roman est parsemé de manière assez inélégante de citations littéraires. Tout aspire (de la carrière de l’auteur elle-même, à ses personnages) à une élévation intellectuelle mais il n’en est rien. Thomas est un homme à femmes, assez prétentieux, qui à force de s’estimer à la hausse, verra toutes ses prétentions tombées à plat. Un homme aussi paresseux, qui illustre avec perfection l’expression « de remettre à demain ». Il est difficile de s’y attacher, voire même sur trois cent pages, de ne pas être exaspéré.

L’histoire tourne en boucle, et le lecteur reste en dehors de cet engrenage tout en sachant pertinemment la fin tragique qui attend l’existence de Thomas.

2 commentaires

  1. Je viens de finir Vie de David Hockney et je n’avais rien lu d’elle avant. Je crois qu’elle s’interroge sur l’acte de créer. Elle est facinee, il me semble, par la liberté de cet artiste, par sa recherche et ses expériences à contre-courant de ce que le milieu branché des critiques et des intellectuels attend ! Peut-être que sa littérature est une sorte d’interrogations sur l’art, la création, etc …Merci pour ces deux chroniques des livres qu’elle a écrit.

    J’aime

    • Je vous remercie pour le partage de votre point de vue ! Vous avez sans doute raison et j’avais plutôt aimé ma première lecture « Le problème avec Jane », ce qui m’a dérangée ici c’est l’absence d’originalité, il me semblait lire la même histoire en passant uniquement du féminin au masculin… d’où ma critique assez négative ! Je vais de ce pas lire votre critique !

      J’aime

Laisser un commentaire