La plus que vive, Christian Bobin

J’ai tout de suite été attirée par le titre « La plus que vive », c’était tellement poétique. La plus que vive, c’était un beau soleil, du rire, des instants qui durent, bref, ces images d’éternité. La plus que vive, ça ne fait même pas référence à une potentielle fin, à une éventuelle mort ; c’est au-delà de l’éphémère, au-delà du vivant : c’est métaphysique. C’est un sentiment, un être, l’amour ancré dans le cœur, la chair et l’âme.

Lorsque l’auteur perd sa compagne, sa muse, son acolyte, Ghislaine, il pense d’abord qu’il n’écrira plus ; puis, il commence ce roman, car l’écriture est une délivrance et que l’amour ne meurt jamais.

C’est un petit livre qui prend les allures d’un poème en prose. Il s’adresse à nous, à l’être aimé, à tout le monde, à n’importe qui et à personne en même temps. Est-ce qu’il était fait pour être publié ? On a comme l’impression de pages noircies sur un cahier, jours après jours, pour exprimer le manque. Et en même temps, on se dit que ça aurait été dommage de priver le monde de si jolis mots sur cette indicible douleur du manque et du deuil.

La mort se comprend comme continuité de la vie. Le corps de Ghislaine n’est plus mais son souvenir est partout : elle est dans les pièces de leur maison, dans le cœur de ses filles, dans le vent qui traverse les feuilles des arbres et dans les livres de philosophie. La mort brise les habitudes, la joie pendant un temps, elle provoque un manque considérable, comme le dit si bien l’auteur « L’évènement de ta mort a tout pulvérisé en moi » mais il nuance avec une humanité déconcertante « Tout sauf le cœur ».

Les mots sont justes, choisis et délicats. L’écriture est magnifique, elle nous emporte au-delà de la mort qui n’est que factuelle. La plume est sensible et sincère. C’est une ode à l’amour, au rire qui se déploie dans les airs, à l’odeur qui reste, aux souvenirs gravés et à la vie, surtout à la vie.

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