Femmes en colère, Mathieu Menegaux

Femmes en colère, c’est un cri : un cri, une interpellation à la justice. Je crois que tous les professionnels du droit ont commencé leur première année sur les bancs de la fac en pensant révolutionner le monde, ou en tout cas, pour faire justice. Il faut beaucoup de valeurs et d’idéaux pour commencer la fac de droit, il en faut encore plus pour la continuer.

Cette (in)justice, je la vois tous les jours et je dois dire qu’il y a des jours plus éprouvants que d’autres. Ce roman était donc une lecture nécessaire pour moi et je dois dire que je n’ai pas été déçue.

Avant toute chose, chapeau bas aux recherches médicales et juridiques qu’ont dû demander à l’auteur l’écriture de ce roman. Le roman est fouillé, ça se sent. Quel bonheur de lire un livre qui parle de droit et qui ne commet pas de grossières erreurs !

Femmes en colère, c’est l’histoire de Mathilde Collignon qui se fait justice elle-même. Dans le box des accusés, elle fustige qu’on appelle ses agresseurs des victimes. Le tribunal médiatique a déjà commencé à parler, les voix se sont élevées alors que Mathilde s’apprête à être jugée par la Cour d’Assises de Rennes, en juin 2020. Trois magistrats professionnels, six jurés populaires vont décider de ses prochaines années.

Le récit alterne entre les pensées de Mathilde qu’elle écrit dans son journal, à l’instant T, et les débats de celles.ceux qui vont la juger.

On ne saura que tardivement ce qu’a fait Mathilde et même ce qu’elle a subi car, au final, peu importe, elle n’est pas seule héroïne de cette histoire ; en fond il y a le juré populaire, quasiment féminin qui se fait son porte-voix. D’ailleurs, Mathilde, on ne la côtoie que très peu : gynécologue de profession, célibataire aimant faire des rencontres et le sexe.

Je ne donnerai en aucun cas mon opinion juridique sur le sujet, il importe peu. Ce n’est pas l’objet du livre, ni de ma critique. J’ai adoré ce livre car il est un exemple de sororité, car il pousse à réfléchir sur ce qu’il passe quotidiennement dans les tribunaux. Tout le monde a un avis sur la justice, mais qui a déjà poussé les portes d’une salle d’audience ?

Mathieux Menegaux dénonce les failles de la justice française, la technocratie législative et dresse un saisissant face à face entre le droit et la morale. Il y a d’un côté la raison et de l’autre les émotions, hermétiques l’un à l’autre. Ce roman développe tout une gamme de points de vue : du mouvement metoo aux « on ne peut plus draguer », donnant ainsi une bonne base de réflexion.

Alors, la question qui se pose légitimement est la suivante : aura-t-on un jour plus besoin d’être en colère ?

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